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La solitude de l’autour des palombes

La présence animale

La peinture animalière est un genre à part, elle décrit parfois ce que le peintre a subrepticement aperçu au cours d’une exploration en forêt. Peut-être ce qu’il a ressenti, au delà d’une réelle rencontre avec l’animal peint. On peut parler de présence animale. Cette présence, nous pouvons tous l’expérimenter, traverser un bois, que l’on sait habité, par des chats sauvages, par exemple, et que jamais nous croiserons. Alors qu’eux, nous épient en silence. L’autour des palombes appartient à cette catégorie, il est une ombre. Avec son plumage, il se confond avec les cimes de conifères. Les cieux gris et l’obscurité d’une forêt lointaine, sont le théâtre de ses chasses. Pas de témoin, juste des corneilles agacées par sa présence, lorsque immobilisé au sol avec une perdrix, il commence à la déchiqueter. On le représente souvent tête enfoncée dans les épaules, une seule patte en appui sur une branche, l’autre repliée. Seul face à son royaume forestier. Son identité est mystérieuse et en dehors de la parade nuptiale, où le couple prend de la hauteur, peu de chance de le croiser. Cette rareté est sa signature. L’autour des palombes est un solitaire. Il accompli le cycle de la survie de son espèce avec humilité. Des peintres ont réussi selon moi, a capturé l’énergie de ce prédateur fantomatique.

Robert Bateman et l’autour des palombes en hiver

Robert Bateman Goshawk

Le premier dont je vais parler c’est Robert Bateman, son autour en hiver est magnifiquement représenté. Une subtilité de son éthologie est reflétée, sa méfiance, toujours sur le qui-vive, celui qui observe et non celui qui est observé. Paysage hivernal, rappel que notre oiseau s’adapte et se fond dans son milieu naturel.

Charles Tunnicliffe : scènes de chasse et vulnérabilité

Charles Tunnicliffe Goshawk

Charles Tunnicliffe, lui, a admirablement décrit une scène de vie. Quand l’autour capture sa proie au sol, il est vulnérable. Nombreux sont les oiseaux qui le parasitent, continuellement à essayer de lui dérober sa prise. Corbeaux, milans noirs, milans royaux, inlassablement ils traquent les vrais chasseurs. Il faut donc faire vite. Les ailes déployées pour masquer sa victime, sur un lit de neige. Quand les morsures du froid font que chaque jour est un défi pour survivre.

Luis Agassiz Fuertes : maîtrise de la présence animale

Pour finir, Luis agassiz Fuertes, grand maitre de la peinture animalière, de nombreux livres lui sont consacrés. Il nous offre un tableau intéressant, fruit d’une compréhension intime du comportement de l’autour des palombes. Comme les deux tableaux précédents, c’est dans une forêt enneigée que notre autour des palombes est illustré. Posé sur une seul patte, la tête tournée. Toujours en alerte, connecté à tout ce que son champ de vision détecte. Ces peintres, avec leur talent, nous offre la contemplation d’une réalité fragile. Quelques part, ces artistes se connectent à une force primitive, pour faire naitre ces œuvres vibrantes.

Luis agassiz Fuertes Goshawk

Ari Abihssira

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