Over the rainbow, blue birds fly
La chanson Over the rainbow chantée par Judy Garland, dans le magicien d’Oz en 1939, semble prophétiser une réalité scientifique. Au-delà de l’arc en ciel, des oiseaux bleus volent, au-delà des dernières longueurs d’ondes du spectre de la lumière visible. Cette chanson sublime, presque hypnotique, nous invite à regarder différemment le symbole de l’oiseau bleu. Si nous devions choisir l’incarnation parfaite de l’oiseau bleu, dans notre règne animal, assurément cela serait le Geai bleu Cyanocitta cristata d’amérique de nord, il serait son plus digne représentant.

Poser son regard sur un geai bleu, c’est ouvrir les portes de son imaginaire. Un oiseau, comme en relief, de notre réalité. Légèreté, beauté et un bleu qui griffe notre rétine. Ce bleu a quelque chose de singulier. Quelque chose d’unique. Cette couleur ne provient pas d’une pigmentation des plumes de l’oiseau. Le geai bleu c’est la lumière qui l’habille.
Interférence structurelle : un bleu venu du ciel ?
Comment un oiseau peut-il être bleu, sans pigment bleu ? Ici, nous devons aborder la notion d’interférence structurelle, le spectre de la lumière à la surface des plumes du geai, est comme absorbé. Seule une couleur est réfléchie : le bleu. Je trouve cela, si surprenant. Sur la surface de ses plumes, il y a des micros bulles d’air, elles agissent comme un réflecteur, qui ne ciblent que le bleu. La longueur d’onde du bleu rentre en cohérence dans la plume. Le reste du spectre traverse cette structure et disparait sur la couche inférieure de mélanine noire. Le schémas ci-dessous, vient illustrer ce phénomène.

On parle donc d’interférence structurelle ou bien de réflexion cohérente. Le geai discute à sa manière avec le soleil. Alors la chanson Over the rainbow ne résonne-t-elle pas bien étrangement dans nos esprits, à la lueur de ses informations ? L’arc en ciel est lui aussi résultat d’une interaction entre la lumière et la structure de gouttes d’eau contenues dans l’air. Un lien invisible unit le geai bleu et l’arc en ciel. D’autres oiseaux utilisent ce même procédé pour produire leur bleu ou leurs variations de couleur, le martin pêcheur ou bien le paon. Cette chanson écrite par Yip Harburg suscite des interrogations ? Pour ma part, je parlerai d’une sorte de vertige ésotérique, surtout lorsque l’on sait, que la chanson fait partie du film le Magicien d’Oz, adapté du livre du même nom écrit en 1900 par Lyman Frank Baum. Le magicien d’Oz c’est le parcours initiatique de Dorothy l’héroïne, dans un monde surnaturel où les animaux, les arbres parlent. Bien qu’il ne soit pas explicitement indiqué, qu’elle rêve, Dorothy n’est clairement plus au Kansas où elle est censée vivre. Cette forme de roman où le héros est projeté dans un monde fantastique, me semble proche dans la construction de l’histoire du roman de la rose ou bien du songe de Poliphile, dans ces ouvrages du moyen-âge les principaux protagonistes s’endorment au début de l’histoire. Ils se retrouvent ensuite dans des mondes fabuleux. Nous avons à faire à une inversion du réelle, une inversion radicale, une manière peut être de nous faire plonger dans le temps mythologique. Une plongée dans les archétypes de l’humanité. Et l’oiseau bleu dans tout cela, il est peut-être une porte d’entrée vers un ailleurs, le bleu vif, magnétique du geai, n’est-il pas un message à ressentir plutôt qu’à déchiffrer ?
L’oiseau bleu dans les contes
Nombreux sont les contes où un oiseau bleu est le personnage centrale. Pourquoi avoir choisi la figure de l’oiseau bleu ? Une transmission d’une certaine connaissance a t’elle aiguillé les auteurs ? Quelques exemples littéraires, ci dessous.



En conclusion, la réalité empirique qui explique le pourquoi du bleu du geai concilie la vision symbolique. Notre monde est mystérieux. Nous sommes en droit de réfléchir, sur le sentiment éprouvé à la contemplation de la beauté de ces oiseaux. Cette beauté, est elle un avant gout des merveilles que recèlent le monde invisible ? À mes yeux, l’oiseau bleu est un guide pour que l’on continue de rêver.
